L’ARIA Ile-de-France a pour mission de fédérer les acteurs de l’agroalimentaire et anime la filière dans notre région. Étaient présents à Choisy-le-Roi ce jour-là des professionnels de l’IAA des représentants d’entreprise et des spécialistes de l’emploi et de la formation dans le secteur.
Une industrie de transformation
Les industries agroalimentaires (IAA) transforment environ 70 % de la production agricole française. Cette transformation intègre des processus de conservation et d’emballage.
L’IAA est le premier secteur industriel français devant l’automobile, la mécanique, la pharmacie :
- 490 000 salariés
- 15 000 entreprises
- 70 % des entreprises ont moins de 20 salariés
Le Val-de-Marne compte lui 25 000 salariés pour 1 400 établissements, essentiellement dans le commerce de gros grâce au Marché International de Rungis.
L’agroalimentaire transforme des produits bruts :
- qui viennent de fournisseurs (agriculture, pêche, élevage, etc.)
- pour les mettre sur le marché de manière plus ou moins élaborés
- à destination de clients variés tels que la restauration (collective ou commerciale), la distribution (magasins, grossistes), l’export, etc. mais aucunement du consommateur final.
Le secteur couvre de nombreux produits différents, plus ou moins transformés : produits laitiers, fruits et légumes, repas préparés, boissons, viennoiseries, viandes, etc.
C’est un secteur de pointe qui allie exigences qualité, sécurité alimentaire et respect de l’environnement. Il met à contribution des méthodes et procédés utilisant des technologies avancées pour la transformation et la conservation des produits. En permanence, il doit faire face à des enjeux d’innovation sur les produits et les procédés de fabrication.
L’industrie agroalimentaire est un secteur méconnu, souffrant d’un déficit d’image et d’attractivité. Le grand public a une image faussée des conditions de travail, du niveau de rémunération et fait souvent l’amalgame avec la grande distribution. Les opportunités d’emploi sont cependant fortes : il existe beaucoup de métiers et de véritables possibilités d’évolution.
On trouve dans l’agroalimentaire des métiers existants dans d’autres filières : boulanger, conducteur de marchandises, technicien de maintenance, responsable qualité, etc.
Et le secteur rassemble une grande diversité des métiers dans la production, la maintenance, la logistique et les achats, le commerce et le marketing, la qualité hygiène sécurité environnement, dans la recherche et le développement.
Ce sont évidemment les métiers de la production qui sont les plus présents, suivi par ceux de la commercialisation puis des fonctions supports.
En Île-de-France, les besoins se font particulièrement ressentir sur les métiers de la production, la commercialisation, la logistique et du transport.
Emploi : un décalage entre l’offre et la demande
Les entreprises de l’industrie agroalimentaire peinent à recruter : postes non pourvus, candidats ne connaissant pas le secteur, turn over important… Les raisons sont multiples.
Quel est ce décalage entre l’offre (d’emploi) et la demande (des candidats) ? 2 exemples.
Le premier en terme de métier recherché. Qualité Hygiène Sécurité Environnement (QHSE) et recherche-développement (R&D) sont des fonctions qui attirent énormément. Il y a alors plus de candidats que d’offres. À l’inverse, les commerciaux, les techniciens de maintenance sont des métiers pour lesquels les entreprises ne trouvent pas preneurs.
Le second en terme de profils de candidats. Dans les fonctions supports, celles concentrant beaucoup de candidats, comme le marketing, les achats, la R&D, les entreprises sont à la recherche de professionnels connaissant le secteur. Ce qui n’est pas au final chose aisée. Dans le même registre, les postulants ont pour beaucoup un bac+5 alors que la demande se joue beaucoup à bac+2 : les besoins se trouvent dans les métiers de la production ou de la commercialisation et non dans les fonctions support.
Parallèlement, les entreprises font face un fort turn-over. Les raisons :
- les candidats sont en fait soit de très petits niveaux ou très hauts niveau, ces deux profils auraient du mal à se fixer
- elles sont confrontées à un fort absentéisme, dû au fait que les personnes sous estime les conditions de travail avant de postuler
- comme nous le disions précédemment, il y a clairement une différence entre compétences des candidats et besoins de l’entreprise
- au final les candidats méconnaissent le secteur et ils sont alors plus frileux à rester. Les professionnels issus de l’alternance se placent alors mieux que ceux qui sortent de formation initiale car ils ont de l’expérience dans le secteur et savent à quoi ils vont être confrontés.
L’agroalimentaire offre pourtant aux personnes motivées de réelles possibilités d’évolution (compétences, salaires, etc.). Des professionnels avec peu de qualification, montrant une implication et un intérêt à son travail, prêtes à débuter « au bas de l’échelle » afin de découvrir le secteur et l’entreprise pourront évoluer de manière importante.
Le secteur permet par ailleurs une vraie mobilité : changer de métier, de produit, d’environnement géographique.
Alors comment recrute l’agroalimentaire ? Les modes de recrutement sont principalement par le réseau personnel et le bouche à oreille (41 %), puis par les offres d’emploi (31 %) et après par candidatures spontanées (18 %). Le réseau est important ici dans le sens où c’est une manière pour les entreprises de s’assurer que les personnes ont un bon niveau de connaissance du secteur ou savent à quoi s’attendre.
Un secteur ouvert à tous
Toutes les voies sont possibles pour entrer dans l’IAA (formation initiale, formation continue, VAE) et le secteur recrute sur tous niveaux de diplômes.
Le secteur offre des possibilités d’insertion à faible niveau d’études (CAP-BEP) ou sans diplôme pour les métiers de la production, maintenance, logistique. Alors les fonctions commerciales ou dites de support (ressources humaines, qualité, marketing, etc.) recrutent à plus haut niveau (surtout en Île-de-France qui embauche à ces métiers là à bac+3 voire bac+5).
En fait pour résumer, les salariés sont soit très peu diplômés soit très diplômés :
40 % des salariés ont un niveau V ou infra V (inférieur ou égal au niveau CAP)
30 % des salariés ont un niveau I et II (supérieur ou égal au niveau bac+4)
En Île-de-France, les niveaux sont inversés : il y a plus de niveau I et II que de niveau V ! Ceci s’explique par le nombre de sièges sociaux implantés dans la région.
Zoom sur le Marché international de Rungis
Difficile de parler agroalimentaire dans le Val-de-Marne sans parler du Marché International de Rungis (MIN). Le lieu et ses 234 hectares comprend à lui seul plus de 1 000 entreprises et 12 000 salariés. C’est une place clé pour l’alimentation en Île-de-France mais également en France et dans toute l’Europe. Véritable plateforme logistique, il est doté d’importants d’entrepôts et même d’un terminal ferroviaire ! Au total il cible plus de 18 millions de consommateurs…
Le MIN de Rungis voit alors travailler une variété considérable de métiers du commerce de gros. Ces derniers sont dans l’alimentation (fruits, légumes, produits carnés, produits de la mer, produits laitiers…) évidemment, les fleurs et les plantes, mais aussi le transport et la logistique.
Rungis couvrent 32 métiers :
- dans la vente, exemples vendeur carreau, commis vendeur, télévendeur
- dans les fonctions support, exemples acheteur, comptabilité
- dans la logistique, exemples préparateur de commande, chauffeur livreur
Chaque année 350 postes sont créés sur le marché.
Les témoignages des professionnels à la recherche de candidats mettent cependant en exergue la difficulté à trouver de futurs employés. Ce n’est pas faute de candidatures pourtant, mais plutôt de pertinence des profils (connaissance du secteur, nombre de points suffisants sur son permis pour les chauffeurs !, etc.). Par ailleurs les conditions de travail sur le MIN ajoutent à ces difficultés de recrutement : accessibilité du marché, horaires décalés, métiers éprouvants…
Les professionnels du secteur souligne cependant l’hyper-dynamisme du lieu et le qualifie de “lieu de passion” ! Et vous, vous laisserez vous tenter ?
Pour en savoir plus
Et retrouvez l’agenda de la Cité des métiers du Val-de-Marne sur leur site internet : www.citedesmetiers-valdemarne.fr